Une question sur le marché du carbone ?

Quelle est la différence entre quotas et crédits carbone ?

Les quotas carbone sont des « droits d’émettre du CO2 » attribués à certains industriels concernés par une réglementation européenne. 1 quota carbone = 1 tCO2 autorisée. Si un site émet plus de CO2 que les quotas qui lui ont été attribués, il doit acheter des quotas à d’autres sites industriels, plus vertueux, qui ont émis moins de CO2 que leurs quotas. Cela crée une incitation économique à réduire les émissions. Les quotas sont parfois qualifiés de « droits à polluer ».

Les crédits carbone sont des « outils de financement de projets bas-carbone ». 1 crédit carbone = 1 tCO2 réduite ou séquestrée. Un projet qui réduit ou séquestre par exemple 1000 t de CO2 reçoit 1000 t de crédits carbone. Leur vente rendra le projet viable. Pour recevoir des crédits carbone, il faut que le projet soit éligible. En France, de nombreux projets sont éligibles : reboisement, bâtiments en bois, engrais organiques ou diverses techniques culturales en agriculture…

Les transactions de crédits ont lieu entre :
– les porteurs de projet menant un projet bas-carbone éligible.
– les financeurs, qui souhaitent financer des projets bas carbone en complément de la réduction de leurs propres émissions.

Dans le cadre de nos activités centrées sur le financement de projets d’évitement ou de séquestration carbone, nous n’intervenons que sur les crédits carbone.

Quelle est la différence entre contribution carbone et compensation carbone ?

Tout d’abord une ressemblance : les deux concernent le financement de projets d’évitement de gaz à effet de serre ou de séquestration carbone. Dans les deux cas, un financeur finance un projet en achetant des crédits carbone générés par le projet, ce qui permet de rendre celui-ci viable économiquement.

Pour autant, la compensation et la contribution diffèrent dans l’assertion que fait le financeur au sujet de ce financement.

Dans la compensation carbone, le financeur « s’approprie » les réductions du projet et les « déduit » de son propre bilan d’émissions puis déclare la « neutralité carbone » de son organisation ou de son produit. On trouve ainsi des assertions comme : « mon entreprise/produit a émis 100 t de CO2 mais comme j’ai financé par ailleurs une réduction de 100 t de CO2, mon bilan est neutre en carbone ». Ces assertions sont critiquables, principalement car le CO2 émis dans l’atmosphère ne peut pas être « effacé », et que, quand bien même un projet (comme planter des arbres par exemple) permettait d’absorber la même quantité de CO2, le rythme d’absorption (50 ans au minimum) est souvent sans commune mesure avec le rythme d’émissions. On ne peut tout simplement pas comparer 1 t de CO2 émise dans l’atmosphère lors de quelques heures de trajet en avion et 1 t de CO2 captée par un arbre en 50 ans. Il existe d’autres critiques sur les assertions de compensation, mais les critiques « racines » sont celles-là.

Dans la contribution carbone, le financeur ne déclare pas que ses achats de crédits carbone viennent « effacer » ses émissions. Il reconnait les émissions de son entreprise ou de son produit, et déclare que, par ailleurs, il contribue à financer des projets bas carbone, qui permettront d’éviter ou de séquestrer une certaine quantité de CO2. L’assertion de contribution ne vient pas « dédouaner » le financeur des émissions qu’il a émises. Elle permet cependant de valoriser une action volontaire et positive de financement de projet de décarbonation ou de séquestration carbone.

Dans le cadre de nos activités, nous n’utilisons uniquement le terme de contribution carbone, et invitons nos financeurs à faire de même au travers de notre charte des valeurs.

"Insetting" et "offsetting", qu'est-ce que cela signifie ?

Ces termes se rapportent tous les deux à la contribution carbone volontaire, mais permettent de distinguer le lien entre le projet financé et la chaine de valeur du financeur.

On parle d’offsetting quand les projets financés sont extérieurs à la chaine de valeur du financeur. Par exemple, quand une entreprise dont l’activité n’a pas de rapport avec la forêt finance des projets de plantation d’arbres.

On parle d’insetting quand les projets financés se trouvent au sein de la chaine de valeur de l’entreprise, c’est à dire chez ses fournisseurs ou ses clients. Par exemple, quand une entreprise d’agro-alimentaire qui utilise des produits laitiers finance des projets de réductions d’émissions dans les élevages bovins des éleveurs qui produisent le lait qu’elle utilise.

Dans les deux cas, les projets financés se trouvent en dehors du périmètre « direct » de l’entreprise (c’est-à-dire : ses usines, ses bâtiments tertiaires, ses véhicules). Dans le cas de l’insetting, le projet financé va réduire les émissions dites « indirectes » de l’entreprise, c’est-à-dire celles émises par ses fournisseurs ou ses clients. En revanche, dans le cas de l’offsetting, même si le projet est vertueux car il évite ou séquestre des émissions, il n’aura aucune influence sur les émissions indirectes de l’entreprise.

Comment est fixé le prix du CO2 ?

En fait, il n’y a pas « un » prix du CO2, mais « des » prix du CO2. Et cela rend les choses plus difficiles à comprendre !

Les quotas de CO2 (voir FAQ dédiée), également appelés « quotas carbone », s’échangent sur des bourses à cotation en continu similaires aux bourses des actions. Leur prix est une résultante complexe entre les obligations réglementaires pesant sur les sites industriels concernés par la réglementation, et les émissions réelles des sites en question.

Les crédits carbone (voir FAQ dédiée), eux, s’échangent principalement de gré à gré entre les porteurs de projet et les financeurs. Le prix de vente des crédits dépend à la fois du coût des projets (par exemple, le coût de plantation d’arbres déduction faite des subventions) et de l’acceptation économique de ce coût par les financeurs (un projet très vertueux, mais trop cher, aura du mal à trouver un financeur pour ses crédits carbone).

Dans le cadre de nos activités, nous aidons les porteurs de projet à trouver des financeurs et des financeurs à trouver des porteurs de projet, et aidons les deux parties à identifier le prix acceptable par l’autre partie.